Les 5 types de culpabilités et comment y faire face

La culpabilité peut prendre de nombreuses formes, mais en prenant du recul, nous pouvons  distinguer cinq types de base. Vous apprendrez quels sont ces cinq types de culpabilité et comment y faire face, mais examinons d’abord comment les psychologues définissent la culpabilité.

La culpabilité est, avant tout, une émotion. Vous pouvez penser à la culpabilité comme étant un bon moyen de manipulation pour amener quelqu’un à faire quelque chose pour vous par obligation, elle est d’ailleurs un ressort fréquemment utilisé par les manipulateurs et pervers narcissiques en tout genre. Cependant La culpabilité n’est pas un très bon facteur de motivation. Il est plus juste de considérer la culpabilité comme un état interne. Dans le schéma général des émotions, la culpabilité est dans la catégorie générale des sentiments négatifs. C’est l’une des émotions «tristes», qui comprennent aussi l’agonie, le chagrin et la solitude.

Comme d’autres émotions, il n’y a pas d’explication unique pour la culpabilité. La vision freudienne traditionnelle explique que la culpabilité réside sous le vernis de surface de notre comportement. La théorie psychodynamique de Freud propose que nous construisions des mécanismes de défense pour nous protéger de la culpabilité que nous connaîtrions si nous savions à quel point nos désirs étaient terribles…. Plus précisément, Freud reliait le sentiment de culpabilité et son émotion d’anxiété à l’étape œdipienne du développement psychosexuel. Selon lui, les jeunes enfants désirent avoir des relations sexuelles avec leur parent de sexe opposé. Finalement, ces désirs deviennent submergés et transformés en attirance sexuelle envers les autres personnes de leur âge. Le disciple de Freud, Erik Erikson, a proposé une vision quelque peu sombre de l’accent mis par Freud sur la sexualité comme seule force du développement et a donc contesté la notion de culpabilité de Freud. Au lieu de cela, Erikson croyait que la culpabilité apparaîssait dans la vie vers l’âge de 3-5 ans comme le résultat négatif d’une période qu’il appelle «initiative contre culpabilité». Les enfants développeraient un fort sentiment de culpabilité à cet âge comme le contraire du jeu. . Ils auraient peur de s’exprimer avec leurs jouets parce qu’ils craindraient qu’en montrant leurs véritables émotions, ils commettraient un acte inacceptable. Ils deviendraient alors des adultes trop inhibés qui ont constamment peur de faire quelque chose pour laquelle ils se sentiraient plus tard coupables.

Si vous ne souscrivez pas à l’approche psychodynamique de la culpabilité, vous trouverez peut-être l’explication cognitive un peu plus acceptable. D’un point de vue cognitif, la culpabilité est une émotion que les gens éprouvent parce qu’ils sont convaincus qu’ils ont fait du mal ou causé du tort. En théorie cognitive, les pensées provoquent les émotions. La culpabilité découle donc directement de la pensée que vous êtes responsable du malheur de quelqu’un d’autre, que ce soit ou non le cas. Les personnes qui souffrent de culpabilité  chronique, selon la perspective cognitive, sont victime de l’illusion qu’elles ont causé du tort à d’autres personnes. Leur émotion négative découle de leur tendance à mal interpréter ce qui leur arrive et à ne pas remettre en cause la logique de leurs conclusions. En thérapie cognitive, le traitement consiste souvent à apprendre aux gens à se débarrasser de leurs «pensées automatiques» qu’ils ont fait souffrir les autres. Les gens constamment en proie à la culpabilité apprennent aussi à reconnaître leurs «attitudes dysfonctionnelles» pour qu’ils reconnaissent quand ils traversent des processus mentaux tels que la catastrophisation (imaginer et anticiper le pire) ou la généralisation (croire que si une mauvaise chose arrivait une seule fois alors elle se reproduirait tout le temps).

 

Contrairement à la vision psychodynamique de la culpabilité, la perspective cognitive donne à tout un chacun des clefs pour corriger la tendance à se blâmer pour tout ce qui ne va pas. Selon la vision cognitive, si vous changez vos pensées, vous pouvez changer vos émotions. Une fois que vous vous rendez compte que vous vous percevez à tort comme faisant souffrir les autres, vous pouvez réajuster votre mental et, de façon plus réaliste, comprendre votre rôle dans la situation en question.

Armé de ce contexte, examinons les cinq types de culpabilités et surtout, comment vous pouvez faire face lorsque des sentiments de culpabilité vous submergent.

# 1 : éprouver de la culpabilité pour quelque chose que vous avez fait.

La raison la plus évidente de se sentir coupable est que vous avez réellement fait quelque chose de mal. Ce type de culpabilité peut impliquer les préjudices aux autres ou le fait d’avoir infligé à quelqu’un une douleur physique ou psychologique. Vous pouvez également vous sentir coupable parce que vous avez violé votre propre code moral ou éthique, par exemple tricher, mentir ou voler.

La culpabilité dûe à votre propre comportement peut également être causée en faisant quelque chose que vous avez juré de ne jamais refaire (comme fumer, boire ou trop manger).

Dans chacun de ces cas, il ne fait aucun doute que le comportement s’est produit.

Il est justifié de se sentir coupable quand vous avez fait quelque chose de mal. Ressentir l’émotion de la culpabilité pour une action digne de remords est normal; ne pas se sentir coupable, dans ces cas, peut être un signe de psychopathie. Les problèmes se produisent lorsque vous ruminez cette culpabilité. Une action passée ne peut pas être modifiée, peu importe combien vous le souhaitez. Acceptez le fait que cela soit arrivé, présentez des excuses à la personne ou aux personnes que vous avez blessées, puis déterminez comment éviter de commettre le même acte à l’avenir.

Si vous avez violé vos propres normes (par exemple en abusant de drogues et d’alcool ou en trompant votre partenaire), vous pouvez éviter de vous égarer à l’avenir en sollicitant le soutien d’autres personnes qui peuvent vous aider à vous débarrasser de cette habitude ou vous aider à rester au top. Enfin, en raison de notre tendance naturelle à l’égocentrisme, nous exagérons l’importance que les autres accordent à nos pensées et à nos actions. Le comportement responsable de votre culpabilité, comme par exemple insulter par inadvertance un ami, peut parfois à peine avoir éfleuré la conscience de cet ami.

# 2: Culpabiliser pour quelque chose que vous n’avez pas fait, mais que vous voulez faire.

Vous songez à commettre un acte qui vous feraits dévier de votre propre code moral ou vous souhaitez adopter un comportement malhonnête, infidèle ou illégal. Comme Jimmy Carter, vous pouvez avoir secrètement convoité quelqu’un d’autre que votre conjoint. C’est un type de culpabilité difficile à gérer. Il est vrai que vous n’avez pas vraiment enfreint la loi, et vous êtes donc toujours assis sur un terrain moral. Cependant, nous savons tous que le fait même que vous envisagez un acte qui viole vos propres normes peut être aussi pertubateur que l’acte lui-même.

Si vous vous battez avec ces pensées interdites et taboues, vous pouvez essayer le bon vieux mécanisme de répression freudienne (où vous arrêtez le désir caché) ou le déni (où vous ne le reconnaissez pas). Cependant, il est peu probable que cela aboutisse à un résultat satisfaisant 😉, car en vous défendant contre vos sentiments, vous risquez de tomber dans les crises d’angoisses et la somatisation et surtout de vous comporter d’une manière qui vous donne de bonnes raisons de vous sentir coupable.  Vous pouvez reconnaître que vous avez ces pensées illicites, les accepter comme faisant partie de qui vous êtes en ce moment, et ensuite, vous vous engagez à changer votre comportement afin de ne pas les poursuivre. Plutôt que de les pousser sous la surface, vous pouvez embrasser vos pensées et désirs illicites et travailler à les réduire par un effort conscient.

# 3: Culpabiliser pour quelque chose que vous pensez avoir fait.

Comme nous le disent les théories cognitives des émotions, une grande partie de la tristesse que nous éprouvons est due à nos propres pensées irrationnelles sur les situations. Si vous pensez que vous avez fait quelque chose de mal, vous pouvez éprouver presque autant de culpabilité que si vous avez réellement commis l’acte – ou même plus. Une source de culpabilité cognitive assez typique est la croyance magique que vous pouvez faire du mal aux gens en pensant à eux d’une manière négative ou blessante. Peut-être avez-vous souhaité qu’un(e) rival(e) romantique connaisse un coup du sort. Si ce coup pervers  du sort venait à se produire, vous pourriez, à un certain niveau, croire que cela était dû à votre propre vengeance.

À un certain niveau, vous «savez» que vous êtes illogique, mais il est difficile de vous débarrasser complètement de cette croyance.

Nous savons aussi que notre mémoire des événements passés est très imparfaite.Il est donc possible que vous n’ayez rien fait de mal, mais vous vous méprenez et pensez que vous l’avez fait.

Avant de commencer à vous accuser d’actes répréhensibles, assurez-vous que l’acte répréhensible a effectivement eu lieu. Si vous faussez votre souvenir des événements pour vous faire paraître plus fautif que vous ne l’êtes, il est temps de faire des tests de bonne perception de la réalité.

# 4: Éprouver de la culpabilité pour ne pas en avoir assez fait pour aider quelqu’un.

Peut-être avez-vous un ami qui est très malade ou qui s’occupe d’un parent malade. Vous avez donné des heures de votre temps libre pour aider cette personne, mais maintenant vous avez d’autres obligations que vous devez absolument remplir. Ou peut-être que vos voisins ont subi une perte tragique comme la mort d’un parent, d’un enfant ou encore un incendie qui a détruit leur maison. Vous avez offert des jours et des semaines de votre temps libre mais, encore une fois, vous trouvez que vous ne pouvez pas continuer à le faire. La culpabilité commence maintenant à poindre et vous essayez désespérément de trouver des moyens de les aider malgré le prix que cela vous coûte. Les psychologues utilisent le terme de fatigue compassionnelle  pour capturer ce sentiment d’épuisement professionnel (proche du burn out). Bien que généralement utilisé pour décrire les aidants professionnels, il peut également se produire chez les personnes qui offrent un soutien informel continu aux personnes dans le besoin. Ajoutant à l’épuisement émotionnel global de la situation, vous superposez de la culpabilité  à la fatigue parce que vous pensez que vous devriez en faire plus.

Vous pouvez décider ou non si vous voulez continuer à vous sacrifier mentalement et physiquement pour aider ces personnes. Cependant, il est important de séparer votre désir d’aider de la culpabilité que vous éprouver à ne pas les aider. Agir en conscience  à l’abri de tout culpabilité ne peut que vous rendre plus efficace.

# 5: Éprouver de la culpabilité à faire mieux que les autres.

La culpabilité du survivant est bien connue des professionnels qui travaillent avec des vétérans de l’armée ayant survécu à leurs camarades. De même, de nombreux survivants de la Shoah, de retour des camps de concentration éprouvaient ce type de culpabilité.  La culpabilité du survivant survient également lorsque les personnes qui perdent leur famille, leurs amis ou leurs voisins lors de catastrophes/attentats ne sont eux pas touchées ou, tout du moins, survivent.

Ce type de culpabilité se retrouve également chez certaines personnes qui réussissent mieux que leur entourage proche, famille et amis.  Les étudiants de première génération, par exemple, se sentent souvent déchirés par des émotions contradictoires quant à leur réussite scolaire. Ils veulent bien faire (et leurs familles les soutiennent ), mais ils se sentent coupables de saisir des opportunités que leurs parents ou leurs frères et soeurs n’ont pas. Pour «protéger» les membres de leur famille, ils peuvent adopter des comportements d’auto-sabotage qui les empêchent de réussir à l’école. La logique voudrait que la famille veuille vraiment que l’élève réussisse (et donc apporte l’honneur à la famille), mais cette logique est battue en brèche par l’étudiant à cause de la culpabilité du survivant.

Une façon de vous guérir de la culpabilité du survivant est de vous rappeler combien ceux qui vous aiment sont fiers, et heureux de votre réussite. Rappelez-vous que, aussi difficile que cela puisse paraître, votre propre échec ne contribuera ni à ramener quelqu’un à la vie, ni à faire en sorte que ceux qui vous aiment se sentent mieux dans leur peau. Vous devez tirer votre inspiration de la reconnaissance que vos efforts sont  un hommage que vous leur rendez. Ne vous arrêtez pas si vous ne pouvez pas atteindre vos objectifs les plus élevés (ou ceux qu’ils ont eu pour vous) mais  sachez au moins savoir que vous vous donnez la chance d’obtenir la réussite qu’ils voudraient que vous ayez.

Il ne fait aucun doute que la culpabilité est une émotion complexe et intéressante. Elle peut même vous amener à dépenser plus que ce que vous voulez ou pouvez lorsque vous achetez des cadeaux pour vos amis et votre famille. Vous ne pouvez pas vivre une vie totalement exempte de culpabilité, mais vous pouvez la maintenir dans des limites acceptables. La culpabilité peut aussi vous aider à mieux vous comprendre en vous aidant à reconnaître quand, en fait, vous avez fait du mal à quelqu’un d’autre. La culpabilité, en soi, n’est pas une émotion destructrice. Mais selon que vous la laissiez vous dévorer ou non, la culpabilité peut donner le meilleur – ou le pire – de vous.

Et vous, à quel type de culpabilité êtes vous le plus sensible ?

Vous pouvez répondre dans les commentaires ci-dessous.

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1 réflexion sur “Les 5 types de culpabilités et comment y faire face”

  1. Bonjour,

    Je ressens par moment de la culpabilité par rapport à mon fils que j’ai laissé maltraiter devant moi sans réagir, quand il était petit.

    Depuis, j’ai gagné en affirmation de soi et sais que si cela se produisait maintenant, je réagirai.

    De quel type de culpabilité s’agit-il ? Comment puis-je m’en libérer ?

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